LE VISITEUR DU SOIR
Si les détails morbides qui précèdent ont pu décourager certains
lecteurs, je les prie par avance de m’en excuser. Ils n’avaient pour but
que de cibler l’état d’esprit dans lequel je me trouvais quand le
miracle eut lieu. Oui, miracle ; à mes yeux le mot n’est pas trop fort
(en dépit de sa connotation religieuse, que, bien entendu, je
conteste).
Cette porte de secours dont je parle plus haut, quelqu’un venait
régulièrement y frapper. Un lecteur du blog où, chaque matin, sous le
titre générique de « Grands moments de solitude », je publiais l’une
des anecdotes dont s’émaille mon passé d’indécrottable gaffeuse.
Incapable de me lancer dans un véritable travail littéraire — toute mon
énergie étant mobilisée ailleurs —, je défoulais mon besoin d’écrire
dans ces petits textes d’autodérision qui me permettaient à la fois de
ne pas « perdre la main » et de m’évader l’espace d’une demi-page. Or,
un internaute au pseudo rigolo (Castor Tillon) suivait attentivement ma
rubrique quotidienne. Ses commentaires, souvent, m’arrachaient des
gloussements, car il jouait habilement avec les mots, et je raffole
depuis toujours des calembours, palindromes, contrepèteries, etc. A tel
point que Sylvain remarquait à chaque fois :
— Toi, tu viens de recevoir un post de Castor Tillon !
Je le lui lisais tout haut, il souriait (il n’avait plus, je crois,
la force de rire) et nous tombions d’accord pour affirmer que ce genre
de message était mille fois plus stimulant que les mails compassionnels.
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