(Un texte de 2010)
Ils s’y sont mis à deux, avec Balzac, pour trouver cette connerie, prétextant qu’il est difficile de marcher avec des pantoufles de verre (!) Encore heureux qu’il n’aient pas, ces gros balourds, changé la robe couleur de temps de « Peau d’âne » en robe couleur de taon (pour la vraisemblance, n’est-ce pas ! Le temps n’a pas de couleur !), ni le « Chat botté » en « Shah botté » !
Bon, tout cela, en soi, n’est pas bien grave. Ce qui l’est plus, en revanche, c’est l’obstination que mettent, encore aujourd’hui, les correcteurs a transformer systématiquement la ravissante « pantoufle de verre » du grand Perrault en une ridicule et ignoble « pantoufle de vair ». Toutes les versions modernes reprennent ce pataquès comme un seul homme, qu’il s’agisse d’une ixième adaptation du conte ou d’une simple allusion, dans un roman contemporain.
Oh, les correcteurs, vous n’avez donc aucun sens de la féerie ? Quand donc rendrez-vous justice à Charles Perrault, au lieu de vous conformer obstinément aux stupidités de ses détracteurs ? Faudra-t-il, pour éviter à Cendrillon l’outrage vestimentaire qui la poursuit depuis près de cent-cinquante ans, que sa « pantoufle de verre » devienne définitivement une « pantoufle de cristal » ?
Juste pour le plaisir, voici l’opinion de Bruno Bettelheim sur la question, dans sa « Psychanalyse des contes de fées » : La pantoufle de verre est celle qui laisse voir le pied qui est dedans (...) Elle est aussi serrée que le vagin d’une vierge et les prétendantes se mutilent le pied pour essayer d’y entrer. La pantoufle de verre comme symbole de la virginité de Cendrillon... Avec une pantoufle de fourrure, le symbole deviendrait carrément obscène ! Aucun correcteur n’avait pensé à ça !
Les correcteurs méritent une correction.
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