mardi 25 octobre 2016

LE BEL ÉTÉ 13



















 
 
                           LA VIEILLE DAME INDIGNE

 
                  Eh oui, aussi dérangeant que cela puisse paraître, trois mois seulement après le décès de Sylvain, cet aperçu de la vie à deux, même tronquée de son aspect charnel, m’avait séduite.  La complicité, les éclats de rire, les escapades dans les bois, les vidéos au coin du feu…  Les morceaux de guitare ponctuant les soirées-papotages (Castor pratiquait le ragtime à haute dose)… Bref, tous ces petits riens qui font le charme de l’existence — et dont j’avais oublié la saveur — me manquaient, tout à coup. De sorte que, bien malgré moi, je me surprenais à re-croire au bonheur. A mon âge ? Et après les épreuves que je venais de traverser ? Les êtres humains sont, décidément,  d’incorrigibles rêveurs.  J’avais beau me raisonner, me répéter : « Arrête ton char, ma fille, les vieilles dames indignes, y a rien de plus pathétique »,  ça me démangeait grave.
                  Skype — béni soit-il — n’était pas étranger à cette bienfaisante exaltation.  Car nous avions repris nos petites soirées communes. Soirées au terme desquelles je finissais souvent par m’endormir, sur du Marcel Dadi joué rien que pour moi, à six cents bornes de distance…
 
 

 


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