La sentence tomba comme un couperet :
— Lésion cérébrale.
Je sursautai
— Une lésion ? Mais… je ne me suis cognée nulle part !
La neurologue de garde haussa les
épaules. C’était, ma foi, une fort jolie personne, grave et calme, à
qui la blouse blanche seyait à
ravir.
— Une tumeur, si vous préférez, précisa-t-elle, en me montrant la chose sur le
DVD de l’I.R.M.
Non, je ne préférais pas, mais de là à en faire état… On a sa fierté, tout de même !
— Un cancer, vous voulez dire ? suggérai-je d’une voix tremblante.
Elle hocha vaguement la tête
— C’est vous qui avez prononcé le mot, pas moi…
Cela semblait la soulager.
Curieusement, moi aussi : les mystérieux symptômes qui m’avaient alertée portaient enfin un nom.
(Le terme « soulager » peut a priori
sembler incongru dans un tel contexte,
mais disons qu’être répertoriés les rendait, quelque part, moins
flippants. C’est le propre du langage, de cerner l’indicible. De
l’apprivoiser en quelque sorte. Or, apprivoiser ce
qui m’arrivait, tenter d’en comprendre les causes et d’en maîtriser les effets, était ce dont j’avais, en ce moment, le plus
besoin.)
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