HOME SWEET HOME
Les effusions dans un aéroport, c'est toujours affreusement frustrant.
Un fils sur les bras, l'autre accroché à ses basques, sa femme serrée
contre lui, Amir, qui a mille chose à raconter et autant à entendre, ne
sait par quel bout commencer.
— Rentrons vite, intervient Rachad qui s'est, d'office, chargé des bagages. Nous serons mieux chez vous pour parler.
Les câlins familiaux occupent le trajet, ponctués d'un échange
d'informations en vrac : Omane va mieux, Nadège fait des progrès, Gaby
va peut-être enregistrer un disque, Rose a commencé un roman, la
Belgique, c'est bien, mais alors, la France ! Olivier court à quatre
pattes, Amir adooore Paris et rêve d'y vivre…
— C'est quand même agréable de se retrouver chez soi, déclare-t-il néanmoins, en franchissant le seuil de sa maison.
Il hume à pleins poumons l'atmosphère familière.
— Tiens, où est Bébête ?
Rose se rembrunit.
— Je t'expliquerai.
— Moi, je vous abandonne, annonce Rachad. Vous venez déjeuner chez nous, demain ?
— Avec joie. Je suis drôlement content que vous ayez repris contact en mon absence. Comment ça s'est passé ?
— Je t'expliquerai, dit Rose.
Elle explique, en effet. Avec force détails. Amir s'indigne, vitupère
sur l'Orient et sa barbarie, assure qu'en Europe, les gens sont plus
civilisés (!)
— C'est là-bas qu'il faut aller s'installer, ma chérie, je t’assure.
— N'importe quoi ! J'en viens, moi, d'Europe, et je peux te
certifier que ce n'est pas mieux qu'ici.
Bref, entre caresses et discussions, la nuit file comme le vent. Et le
réservoir paroles-tendresse n'est pas épuisé quand se lève le jour.
— Je revis, conclut Rose, en se lovant entre les bras de son mari,
tandis que l'aurore inonde la chambre d'un ruissèlement d'or. Sans toi,
chaque minute est une corvée, avec toi, c'est une partie de plaisir.
Et sur ces paroles définitives qui résument, ô combien, les deux mois écoulés, elle s'endort, le sourire aux lèvres.
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