CONSTAT DÉSABUSÉ
L'insurrection, ayant atteint son paroxysme dans la troisième semaine
de mai, s'apaise début juin. Au grand soulagement de Rose qui, à
présent, suit assidument l'actualité.
Des années plus tard, quand mai 68 sera devenu mythique, elle regrettera de ne pas y avoir participé.
«
J'avais l'âge, se dira-t-elle. J'étais (presque) au bon endroit. Et je
suis restée planquée pendant que se décidait le sort de ma génération.
Dire que, si j'avais été un peu plus dynamique, j'aurais pu y jouer un
rôle… »
Et elle se fustigera :
«
T'as loupé le coche, ma fille. Par manque de discernement, par lâcheté,
par paresse, tu es passée à côté de ton rendez-vous avec l'Histoire ! »
Ce
constat désabusé, nous le faisons tous un jour ou l'autre, hélas. Et
pas uniquement par rapport aux événements. Etre contemporain d'une
personne qu'on admire et ne pas croiser sa route, ne serait-ce qu'une
seule fois, quel gâchis! Pour les fans de Napoléon, de Gandhi ou de
Louise Michel, la question ne se pose pas, évidemment, mais lorsqu'on a
la chance de vivre à la même époque que son idole ! Quand parmi les
infinités de combinaisons possibles, le hasard – ou le Destin —nous pose
à ses côtés sur le ruban du temps !
«
Un jour, je rencontrerai Louis Aragon, s'était toujours dit Rose, que
les vers du poète transportaient au-delà de tout. Il faut qu'il sache
tout ce qu'il représente pour moi. Je suis née trop tard pour Prévert et
Rimbaud, mais lui, parole d'honneur, je ne le raterai pas ! »
Il est mort avant.
Un jour, je rencontrerai Gudule et Castor. J'ai presque réussi. <3
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