TANTE IDA
Ida
l'accueille à bras ouverts. Contrairement à Suzanne, femme revêche s'il
en est, c'est une grosse quinquagénaire joviale et chaleureuse.
Orpheline de bonne heure, elle a élevé ses six frères et sœurs avant
d'épouser, sur le tard, un général à la retraite dont elle a eu un fils,
établi dans les colonies.
Au
Thier-à-Liège — petit bourg de quelque trois mille âmes, entre prairies
et terrils —, elle est connue comme le loup blanc. Ses voisins savent
qu'on ne fait jamais en vain appel à son bon cœur, et en usent (quand
ils n'en abusent pas). Ainsi prête-t-elle une partie de son jardin au
cantonnier pour qu'il y cultive des légumes, permet-elle aux gamins de
dépouiller ses arbres fruitiers ou de cueillir ses fleurs, nourrit-elle
les chiens et les chats errants, et a-t-elle toujours le porte-monnaie
ouvert lorsqu'il s'agit d'aider quelqu'un dans le besoin.
Grégoire et Olivier adoptent d'emblée cette tata-gâteau, sosie de la marraine-fée de Cendrillon dans le film de Walt Disney.
Après
un dîner, ma foi, fort agréable, suivi d'une petite promenade
digestive, les Vermeer père et mère regagnent leurs pénates. Abandonnant
à regret une Rose détendue, flanquée de ses deux marmots dont l'un
accapare les genoux d'Ida et l'autre lui réclame : « Bisou ! » sur tous
les tons.
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