mardi 23 août 2016

ROSE 114

 


                                               TANTE IDA

Ida l'accueille à bras ouverts. Contrairement à Suzanne, femme revêche s'il en est, c'est une grosse quinquagénaire joviale et chaleureuse. Orpheline de bonne heure, elle a élevé ses six frères et sœurs avant d'épouser, sur le tard, un général à la retraite dont elle a eu un fils, établi dans les colonies.
             Au Thier-à-Liège — petit bourg de quelque trois mille âmes, entre prairies et terrils —, elle est connue comme le loup blanc. Ses voisins savent qu'on ne fait jamais en vain appel à son bon cœur, et en usent (quand ils n'en abusent pas). Ainsi prête-t-elle une partie de son jardin au cantonnier pour qu'il y cultive des légumes, permet-elle aux gamins de dépouiller ses arbres fruitiers ou de cueillir ses fleurs, nourrit-elle les chiens et les chats errants, et a-t-elle toujours le porte-monnaie ouvert lorsqu'il s'agit d'aider quelqu'un dans le besoin.
Grégoire et Olivier adoptent d'emblée cette tata-gâteau, sosie de la marraine-fée de Cendrillon dans le film de Walt Disney.
Après un dîner, ma foi, fort agréable, suivi d'une petite promenade digestive, les Vermeer père et mère regagnent leurs pénates. Abandonnant à regret une Rose détendue, flanquée de ses deux marmots dont l'un accapare les genoux d'Ida et l'autre lui réclame : « Bisou ! » sur tous les tons.


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