mardi 15 novembre 2016
LE BEL ÉTÉ 34
LES HAPPY END’S NE SONT PLUS CE QU’ELLES ÉTAIENT
N’empêche que le scénario tournait au Grand-Guignol. Je m’en ouvris à Olivier que sa sensibilité d’écrivain rendait apte à comprendre mes divagations.
— Tu es en pleine confusion mentale, me dit-il. Mais n’aie crainte, c’est juste l’effet des médocs. J’ai connu ça pendant ma dépression nerveuse. Ne lutte pas, laisse-toi aller, tout reviendra de soi-même à la normale.
Je m’efforçai de suivre son conseil, mais encore fallait-il pouvoir… Ce laisser-aller, en opposition totale avec ma nature, me demandait un effort immense, un peu comme celui fourni par le passager d’une moto, à qui l’on recommande de suivre sans résister les mouvements de la machine — quitte, dans les tournants, à frôler le bitume de la jambe. Ne pas se raidir pour affronter sa propre peur. Devenir tout mou, tout passif… Or, la passivité, je n’étais pas programmée pour. Ni la mollesse que je surnommais avec dédain « la moulitude ».
Afin de me motiver, je me raccrochais à cette idée de scénario qui ne cessait de me surprendre — voire, de m’intéresser par son excès de médiocrité : accumulation de séquences tragiques qui sonnaient faux, dialogues affligeants, inconsistance des personnages, que sais-je encore ? Je nous revois assis autour de la table, Olivier, Brigitte, Claude, Castor et moi, pour le repas du soir. Nous évoquions sur le mode plutôt humoristique « la fin du monde qui avait commencé, non sous forme d’Apocalypse mais par bugs successifs, de préférence minables ». Et chacun d’entre nous d’énumérer ce qui lui semblait ne pas tourner rond dans cette histoire absconse — à commencer par les aberrations de la météo.
« Quelles répliques à la con ! me disais-je, atterrée, en écoutant mes propres paroles, aussi nulles (si pas plus) que celles de mes comparses. Un ramassis de poncifs d’une platitude sans nom. Audiard doit se retourner dans sa tombe. »
Bonus : Quelques commentaires d'époque. On ne s'ennuyait jamais, avec ma Gudule !
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