mardi 8 novembre 2016

LE BEL ÉTÉ 28





















                                     COMMENT LA DÉVOTION VIENT AUX FILLES

         J’ai longtemps craint qu’en raison de notre lien de parenté, Cousin Jean m’ait été attribué d’office comme ange gardien. D’autant que maman en rajoutait une louche :
         — Il est assis à la droite du Seigneur, répétait-elle : c’est la place des saints Innocents. De Là-Haut, je suis sûre qu’il veille sur sa famille. Prie-le le plus souvent possible afin qu’il te protège des tentations et garde ton âme bien pure.
         Houlà ! Moi qui rêvais d’un beau protecteur androgyne (et adulte) comme sur les chromos de l’école maternelle…
         Ainsi bousille-t-on, sans y prendre garde, une sensualité  en  plein éveil.
         Dieu ! Que j’ai prié  avec ferveur, à cette époque !
         — Mon Dieu, je vous en supplie, donnez-moi un autre ange gardien que Cousin Jean, il est vraiment trop moche (j’avais vu sa photo).
         Le divin Entremetteur dut m’exaucer car, vers trois ou quatre ans, l’ange à grosse tête dodelinante déserta mes pensées, remplacé par une sorte de Peter Pan disneyen dont je tombai illico raide-dingue. Dès lors, je n’eus de cesse d’en remercier le Ciel, ce qui me valut une réputation d’enfant pieuse dont mes parents, légitimement,  s’enorgueillirent.



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