dimanche 19 juin 2016

ROSE 51

 
FIN DES COMBATS

Après six jours d'affrontements, les combats s'arrêtent aussi subitement qu'ils avaient commencé. Et le Liban retrouve sa sérénité. Provisoirement, s'entend. Il ignore encore que cette guerre-éclair n'est que le prélude aux quinze années noires qui vont bientôt le déchirer, dressant les unes contre les autres ses différentes communautés, et le laissant exsangue et dévasté.
Mais n'anticipons pas, l'heure est à l'allégresse. Dans Zouk rasséréné, les mêmes villageoises qui, une semaine plus tôt, se lamentaient à grands cris, rendent grâce au Très-Haut. Les rayons de l'épicerie se remplissent à nouveau, les échoppes rouvrent leurs portes sur le chant des métiers à tisser, les enfants recommencent à jouer dans les rues. Seuls ceux qui avaient engrangé de trop grandes quantités de nourriture font la grimace, car tout se périme vite, en Orient, l'été. Charançons et punaises prolifèrent dans le riz, les pâtes, les lentilles, de sorte que les poubelles débordent bientôt de denrées alimentaires à peine entamées et déjà impropres à la consommation.
— Si ce n'est pas malheureux, un gâchis pareil ! vitupère Mona Aoun, en vidant ses placards. Rose, je t'en prie, embarque-moi cette bouffe tant qu'elle est encore bonne, ça m'évitera de la jeter.
Et Rose s'en retourne chez elle les bras chargés de provisions, en se disant que, finalement, Tout est bien qui finit bien.



2 commentaires:

  1. Jolies chroniques qui font encore plus de mal quand on sait la narratrice partie ailleurs raconter d'autres histoires qu'on ne lira pas...

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    1. Snif. Heureusement qu'elle nous en a laissé pas mal. Jamais je n'ai eu une femme qui m'ait autant attendri.

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