LA FIN DE L’EXIL
— Qu'est-ce que tu fais, Rachad ?
— Je range mes tableaux dans le cagibi. Tu me files un coup de main ?
Avec
autant de répulsion que s'il s'agissait d'une peau gangrénée, Rose
empoigne une toile — par l'arrière, pour ne surtout pas toucher la face
peinte — représentant un bébé galactique, hurlant dans les profondeurs
obscures de l'infini. Elle ne fait aucune commentaire, se contente de
ranger l'effroyable chose, face contre le mur, dans le placard ad hoc.
Puis va chercher la suite.
Sous leurs efforts conjugués, la pièce est vidée en deux temps trois mouvements.
— Où on met le lit ? interroge Rose, une fois tout le reste débarrassé. Dans ta chambre ?
La tête de Rachad oscille de gauche à droite.
— Pour ça, il faudrait qu'Omane démonte sa tente, et à mon avis, ce n'est pas gagné.
En
effet : la diva, consultée, refuse tout de go. Le cocon de Nadège, bien
que déserté en journée, reste indispensable pour les siestes et la
nuit. C'est là que mère et fille partagent leur sommeil. Là qu'elles se
cajolent, se retranchent, se préservent des atteintes extérieures.
Rose
n'insiste pas. Rachad non plus. Mais ils s'emploient à rendre la pièce
du bas joyeuse et accueillante, comme elle l'était jadis. Un plaid de
couleur vive et des coussins transforment le lit en un canapé
confortable ; tapis, table basse, poufs et fauteuils complètent
l'ensemble. Désormais, l'ex-atelier aura la double fonction : salon le
jour, chambre la nuit. Et les miasmes de son mal-être n'empoisonneront
plus le repos de Rachad.
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