COHABITATION (SUITE)
— Nana !
À
peine éveillé, Grégoire fonce dans la chambre comme un boulet de canon.
Et à qui tend-il les bras en premier lieu ? Je vous le donne en mille.
— Et moi ? réclame Rose. Je n'ai pas droit à un bisou ?
— Je vais préparer le café, déclare Mona, en posant le loupiot près de sa mère. Tu veux que je t‘apporte un plateau au lit ?
— Oh, oui, ronronne Rose. J'adore ça.
L'instant d'après, devant sa tasse fumante :
— On est des coqs-en-pâte, avec Nana, hein, dit-elle à son fils qui grignote un kàké *. Oups, ajoute-t-elle, tandis que s'élève un vagissement sonore, voilà Olivier qui s'y met aussi.
— Je m'en occupe, dit Mona, mange tranquillement.
Elle amène le bébé à Rose qui le met au sein, puis remarque :
— Tu devrais le sevrer.
— Pourquoi ? C'est si pratique.
—
Ce le serait encore plus s'il mangeait comme tout le monde. Au moins,
tu pourrais t'absenter sans avoir toujours l'œil sur ta montre.
Sourire attendri de Rose qui chatouille, du bout de l'index, la bouche gloutonne soudée à son mamelon.
— Il est encore si petit…
— Neuf mois, tu appelles ça petit ? Tu seras bien avancée quand tes seins pendront comme ceux des filles de la montagne.
— Tu exagères.
— Pas du tout. D'ailleurs, que tu sois d'accord ou pas, je vais lui préparer une tartine.
Et Rose, bien que dépossédée de son libre arbitre par cette décision à l'emporte-pièce, ne s'y oppose pas.
* Kàké : petit pain grillé au sésame
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