SOMBRE DIMANCHE
Rose, agressée par la lumière, cligne des yeux.
— Grégoire ? Tu es déjà levé ?
— Nana l'est pas là, insiste le petit garçon.
D'un geste automatique, Rose cherche sa montre, posée sur la table de chevet, et la consulte.
— Quoi ?! Dix heures vingt ? Mon pauvre chéri, tu dois être affamé… Et Olivier ? Comment ça se fait qu'il ne réclame pas ?
Elle saute sur ses pieds, se rue dans la chambre voisine ; le bébé dort à poings fermés.— C'est vrai qu'il a eu du rab de tétée, cette nuit, se souvient-elle.
Et, sans crier gare, une gigantesque déprime lui fond dessus.
Ayant nourri tout son petit monde, ouvert aux animaux et constaté qu'il faisait gris et froid, elle se recouche.
C'est dimanche.
Un triste dimanche de novembre.
L'un de ces jours où l'idée même d'exister est au-dessus de vos forces. Dans ces cas-là, les ours hibernent.
Les Rose aussi.
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