samedi 21 mai 2016

ROSE 22

 
                                   SUR DES CHARBONS ARDENTS

Neuf heures. Amir émerge, retire ses boules Quiès. (« Autant que l'un de nous deux passe des nuits correctes », a-t-il dit à Rose, en inaugurant cette nouvelle "stratégie du silence" qu'il pratiquera, toute sa vie durant.) Rose a approuvé avec bienveillance : il vient de reprendre les concerts au Saint-Georges et se couche fort tard. Faut donc qu'il récupère. En plus, ça servirait à quoi qu'il dorme mal ? Il ne peut tout de même pas donner le sein à sa place !
— Omane est à la clinique, lui annonce-t-elle.
Il bondit :
— Depuis quand ?
— Cette nuit.
— Ça devrait être fini, alors.
— Pas sûr. Pour un premier enfant, c'est quelquefois très long. Moi, avec Grégoire, j'ai mis une vingtaine d'heures.
         — Vingt heures ? s'effare Amir. Vingt heures à souffrir le martyre ?
Flattée, Rose sourit.
— Ce n'était pas le pire.
— Ah ? C'était quoi, alors ?
— Tu n'étais pas près de moi.

                                                *

La matinée se passe à guetter le retour de Rachad.
— Qu'est-ce qu'il fiche, bon sang, qu'est-ce qu'il fiche ? s'énerve Amir.
— Si on téléphonait ? suggère Rose.
— Bonne idée, tu as le numéro de la clinique ?
 Sur la facture, dans le tiroir du buffet.
Il appelle, tandis qu'elle prépare le déjeuner de Grégoire. Parlemente quelques minutes. Puis revient, l'air préoccupé.
— Les choses ne se passent pas très bien, apparemment.
— Comment ça, pas très bien ?
— La standardiste ne m'a pas donné de détails, mais j'ai bien senti qu'il y avait un problème.
Il se mord les lèvres.
— On devrait peut-être y aller ?
— Avec les deux petits ? Ce ne serait pas raisonnable… Non, vas-y, toi, et avertis-moi dès que tu en sauras plus.


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