Noël ; toujours rien. Par le moindre petit Jésus à l'horizon. Mais le 31 décembre :
— Amir, je crois que ça y est, dit Rose en sortant des toilettes.
Il bondit.
— Tu es sûre ?
C'est bien d'elle, ça. En plein réveillon. Après tout le mal qu'il s'est donné.
La
maison embaume le poulet rôti qu'il a lui-même fait cuire — une fois
n'est pas coutume. Et sur la table de la salle-à-manger trône un petit mezzé*, modeste certes, cinq ou six plats, mais qui vaut le déplacement : wara-anab, hommos et taboulé*, préparés par Omane, labné* et plateau de fromages, dont il est l'auteur, plus des baclawas* ramenées par Rachad du « Jardin d'Alep », la meilleure pâtisserie de Beyrouth.
Rose, pour sa part, n'a pas fait grand-chose, à part dresser la table. Elle ne se sentait pas en forme. Et pour cause…
— Je viens de perdre les eaux.
Omane réagit au quart de tour.
—
Qu'est-ce que tu attends ? houspille-t-elle son beau-frère. Emmène-la
tout de suite à la clinique ! Tu ne sais pas que pour un second enfant,
ça va très vite ? Elle risque d'accoucher dans la voiture.
L'effroyable
perspective déclenche des réactions en chaîne. Amir grimpe quatre à
quatre à l'étage, embarque la valise de sa femme, déjà prête depuis
plusieurs jours. Rose embrasse son fils : — « Tu seras bien sage avec
tante Omane, n'est-ce pas, mon chéri » — , enfile son manteau, et lance
un regard éperdu à sa belle-sœur :
— Ça ira, pour le petit ?
— Mais oui, ne t'inquiète pas. Allez file ! Et bonne chance !
— Encore merci, hein. Si je ne t'avais pas…
Puis,
aussi rapidement que le lui permet son état, elle monte à l'arrière de
la voiture (devant, c'est trop étroit pour son gros ventre), et en
route !
La
dernière image qu'elle emporte de Zouk, c'est Rachad et Omane, serrés
l'un contre l'autre sur le seuil de la porte, qui la regardent partir en
frissonnant. Et Grégoire agrippé à la jupe de sa tante…
*Wara-anab : feuilles de vignes farcies
* Hommos : purée de pois chiche à la crème de sésame et au citron.
*Labné : fromage blanc à l’huile d’olive
*Baclawas, petits gâteaux de pâte feuilletée fourrés de pistache pilée et arrosés de miel.
Bonus n° 1 : petit cours de prononciation libanaise par le trublion du 31 décembre.
Bonus n° 2 : autre trublion, même date, 10 ans plus tard : la talentueuse dessinatrice de BD Mélaka. Rose est une maman très avisée qui regroupe toutes les teufs familiales en une seule.
(cliquez)
Une naissance le 31 décembre, il aurait fallu prénommer le trublion Sylvestre, ça aurait économisé un cadeau de fête par la suite, et ça lui aurait appris à emmerder le monde pendant le réveillon.
RépondreSupprimerEn même temps, ce Trublion là ne pouvait pas choisir une date plus appropriée pour faire une nouba d'enfer à son anniv !
RépondreSupprimerMerci l'ami pour ton boulot génial ! La suite ! La suite !
La suite, c'est Mélanoche, huhuhu^^
SupprimerFaut croire qu'elle y a pris goût !! Puisqu'elle a remis ça ! Ne nous y trompons pas : le trublion est une victime, tout comme la trublionne arrivée 10 ans plus tard ! La mauvaise farce, c'est Rose qui nous l'a faite, la chenapanne !
RépondreSupprimerMoi qui connais bien les victimes, je suis hélas obligé de balancer : ce sont bien des trublions, na.
SupprimerD'adorables trublions.
J'aime bien quand ça trublions. Encore.
RépondreSupprimerD'accord. Tu vas être servie.
SupprimerAvec la gaffeuse-trublion en chef, on n'a pas le temps de s'ennuyer.
J'en ai une du 25 décembre, de trublionne, vous faites chier hein ^^ (comment ça, "serrer les cuisses" ? ^^)
RépondreSupprimerMééé, Yunette, pour un Noël qu'elle t'a pourri, tu économises un cadeau d'anniv par an, puisque tout se fête en même temps !
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