vendredi 20 mai 2016

ROSE 21

        DERNIÈRE SEMAINE AVANT LA FIN DU MONDE

Omane, en revanche, est attirée par le bébé comme les mouches par le miel. Son instinct maternel exacerbé trouve en lui un objet à sa (dé)mesure. Forte de sa précédente expérience, Rose lui apprend comment plier un lange, nettoyer le nombril à l'alcool, donner à téter, faire roter. Omane, qui absorbe avec ravissement ces rudiments de puériculture, fait montre, dans les travaux pratiques, d'une bonne-volonté sans limite, et s'avère, finalement, aussi douée que Rose, sinon plus. De sorte que cette dernière, qui passe la majeure partie de son temps allongée, lui délègue bientôt les soins du bébé — car d'elle, elle n'est pas jalouse. Grégoire en profite pour cajoler sa mère à outrance, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. 

                                     

Ce bonheur bascule huit jours plus tard. Dans la nuit du 11 au 12 janvier, très exactement.


                                                     *

                                           

Deux heures du matin. Un coup de klaxon fait sursauter Rose qui allaite Olivier. Elle se lève, se penche à la fenêtre.
— On va à la clinique ! lui crie Rachad par la portière ouverte.
Ah, enfin... Tu nous tiens au courant ?
Évidemment !
La voiture démarre. Rose, le cœur battant, écoute le bruit du moteur décroître dans le lointain. Puis les rues de Zouk retrouvent leur calme, et elle  n'entend plus, dans l'obscurité, que l'inlassable chuchotement de la morne pluie d'hiver.
— Dans quelques heures, tu auras un cousin, promet-elle à Olivier.

En fait, ce sera une cousine.
Nadège.
Une pauvre petite cousine qui n'aura pas eu de chance…


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