Avril 1982. Dargaud rachète Charlie mensuel et sollicite Siné. Ce dernier, qui n’a jamais fait de BD, me propose de devenir sa scénariste, ce qui donne naissance à Lulu Panty, petite bonne femme rigolote, féministe, mauvais genre, et fervente adepte du porte-jarretelles.
Durant trois numéros (du 2 au 5 de la nouvelle formule), on s’amuse beaucoup, Bob et moi. Sur deux pages contenant chacune cinq strips de quatre cases, Lulu vit des aventures rocambolesques, commente l’actualité, lance des pavés dans la mare, énonce des aphorismes provocateurs... Mais pas trop, hein ! Juste ce qu’il faut pour faire marrer le lecteur sans être jamais vulgaire (à notre avis, du moins). Hélas, lorsque Siné apporte les pages du numéro 6 :
— Désolé, on arrête, lui dit le rédacteur en chef. L’agent de Schulz nous a mis le marché en main : c’est toi ou lui. Et comme « Les Peanuts » est la série vedette du journal...
Siné, estomaqué, demande de plus amples explications.
— Schulz est choqué par l’obscénité (!) de ton personnage, lui est-il répondu. Il refuse que son nom soit associé, d’une quelconque manière, à ta production.
Comme ça se passe pendant mes vacances en Corse, j’apprendrai la chose par un article virulent de Delfeil de Ton, dans le Nouvel Obs. Mais à quoi bon pester — ou même faire amende honorable ? Face au géant d’outre-Atlantique, Bob et moi ne faisons pas le poids. Exit Lulu Panty, longue vie à Charlie Brown.
Et on s’étonne que je fasse de l’antiaméricanisme primaire ?
(ce texte est paru dans les "Grands moments de solitude" tome 1 chez Rivière Blanche)
(cliquer pour agrandir)
Un chtit mot de Gudule au Castor, datant du 10 janvier 2012 :
"Ce bon
monsieur Schulz, dont, au demeurant, les personnages sont si sympathiques, n'en
était pas à son coup d'essai. Courant 70, une dame (dont j(ai oublié le nom)
ayant publié un mémoire sur lui, dans lequel étaient incluses des parodies de
ses BD réalisées par les dessineux les plus talentueux du moment, a été traînée
en justice. J'étais au procès, où maître Kiejman, qui la défendait, a basé
toute sa plaidoirie sur le fait que cet humoriste n'avait aucun humour. je me
souviens que nous avons beaucoup ri. Et que Schulz a perdu son procès. J'ignore
s'il en serait de même aujourd'hui..."
La dame en question s'appelle Marion Vidal, et son livre "Monsieur Schulz et ses Peanuts". Voir l'article à ce sujet chez BDzoom.com :
En passant, visitez le très beau blog dédié à Gudule, je vous l'ouvre à la page consacrée à Lulu Panty et aux aventures de ses auteurs :
Le blog de Siné :
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