dimanche 13 novembre 2016

LE BEL ÉTÉ 32





















                                                                MAUVAIS SCÉNAR

         Sur ces entrefaites, l’hôpital nous « libéra ». Devant mes demandes réitérées, le chirurgien, estimant sans doute mon milieu familial plus restructurant que l’environnement hospitalier, s’était laissé convaincre. Castor me ramena donc chez moi le samedi suivant, avec armes et bagages.
         Une triste nouvelle m’y attendait : l’un de mes copains, un gosse de vingt-cinq ans rayonnant de joie de vivre, avait succombé trois jours plus tôt à un accident de bûcheronnage, en forêt. Tout le village assistait à son enterrement.
         Là, le mauvais scénar devenait franchement merdique.  A tel point que, de prime abord, je refusai d’y croire. Mais le glas qui sonnait me mit les points sur les « i ». Et aussi le fait que les rues soient vides, puisque tout le monde était au cimetière…
         D'autres détails —  même s’ils semblent dérisoires en regard de ce drame  — vinrent, si besoin était, étoffer mon « Mauvais scénar » (qui, d’ailleurs ne vit jamais le jour) : ma maison puait. Le café au lait, dont je me gavais d’habitude, était devenu d’une amertume insoutenable. Une tornade semblait avoir balayé mes placards dans lesquels je ne retrouvais rien.  Quant au temps… ah là là, le temps ! Ce mois de juin, avec ses faux airs de Toussaint — crachin, ciel nuageux, vent glacial, lumière morne —  s’inscrivait dans la continuité de l’éprouvant hiver qui durait depuis neuf mois. Une morte saison en plein été, dans la région censée être la plus chaude de France…




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