jeudi 3 novembre 2016

LE BEL ÉTÉ 23





















                                                          BRÈVES DE CANCER (SUITE)


— Avez-vous été à la selle ?
              Une femme adore qu’on lui pose de telles questions devant son amant !
              Histoire d’éluder, je fais « oui, oui » de la tête. Mais l’infirmière insiste :
               — Vous êtes sûre ? Parce que sinon, je vous donne un laxatif.
               J’élude à nouveau :
    — Ne vous inquiétez pas, tout va bien.
                 À l’évidence, elle ne me croit pas, et sort de la piaule, la moue dubitative, pour réapparaître cinq minutes  plus tard, brandissant un suppositoire à bout de doigts.
— Mettez-le quand même, ça stimulera votre intestin.
             Euh… on ne pourrait pas parler d’autre chose ?  Je sais pas, moi, littérature, cinéma, politique ? Ou même de la pluie et du beau temps ?


                                                     



                 J’ignore si, durant ses études, le personnel soignant subit une quelconque formation psychologique, mais à mon avis, non. Partant du principe que tout malade est un cas avant d’être une personne, on le traite comme tel, au risque de piétiner le peu d’honneur qui lui reste.  Je pense, entre autres, à ce kiné beau comme le jour, la trentaine, dents blanches, sourire charmeur, se pointant dans la salle de bains alors que je suis en petite tenue pour me proposer « une promenade dans les couloirs » (sans ajouter « mamie » mais en le pensant si fort que je l’entends clairement). 
                Là, bon, normal,  je craque :
                — Non mais, ho, allez la faire tout seul, votre promenade ! Vous voyez  bien que j’ai pas de culotte !
                Tandis qu’il remballe son sourire et s’éclipse, je peste, à l’intention de Castor :
   — Il me prend pour une grabataire, ce connard, ou quoi ?
                 Un « Tu es belle, je t’aime » hilare me rend illico ma dignité en débandade.
    Voilà ce que j’appelle de la psychologie !



1 commentaire:

  1. Un petit commentaire d'époque de Gudule :

    "La balade ce n'était pas en fauteuil roulant mais à pied, genre petit exercice pour se maintenir en forme. Chaque fois qu'il me faisait le coup, ce joli kiné de mes deux, je l'entraînais en cavalant pour me débarrasser de la corvée au plus vite, de sorte qu'il traînait loin derrière moi, et arrivait dans la chambre tout essoufflé, alors que j'avais déjà rejoint Castor que la situation faisait marrer. "Elle va vite", qu'il disait. Et Castor, en rigolant : " Ben ouais, quoi, c'est une battante". Je crois qu'à partir de là, le kiné a eu un peu peur parce que je ne l'ai plus revu."

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