vendredi 11 novembre 2016

LE BEL ÉTÉ 30





















                                 PETITS ARRANGEMENTS AVEC LES MORTS


         Il m’arrivait aussi de parler à Sylvain :
         — C’est toi qui me l’as envoyé, n’est-ce pas ? Mais où tu l’as dégoté, celui-là ? Dans quel Au-delà, quel paradis ? Sur quelle planète ? Il est pas humain, je te jure. Même quand j’étais jeune et belle, personne aurait fait ça pour moi. Alors, tu penses, maintenant que je suis vieille et chauve…

         Vieille, chauve, et qui plus était,  totalement paumée. Car non seulement mon univers avait perdu toute logique, mais j’étais convaincue que je ne pourrais plus jamais écrire. Faut dire, mes tentatives  dans ce domaine s’étaient soldées par de cuisants échecs, si bien que j’avais renoncé à utiliser mon ordinateur, dont je ne maîtrisais plus les paramètres (la connexion internet de l’hôpital avait engendré des conflits que, même en temps normal, j’aurais été incapable de gérer). Et malgré les efforts de Castor pour recréer des interfaces à ma portée, j’étais aussi perdue devant mon écran que trente ans plus tôt, lors de mes premiers balbutiements informatiques. A tel point que je décidai — chose que je n’avais pas faite depuis des siècles — de me remettre au cahier-stylo. Ainsi gribouillai-je une vingtaine de pages illisibles où, à force de brasser mes terreurs,  je répétais en boucle les mêmes clichés bidons.
         L’infâme brouet finit à la poubelle, et, histoire de prendre un peu de recul, je tentai d’élaborer une nouvelle sarcastique, intitulée « Mauvais scénar ». Car, à la réflexion, ce qui me frappait le plus, dans cette affaire, c’était le manque de talent du (ou des) scénariste(s). Jamais j’aurais osé écrire une daube pareille, moi ! Il n’y avait que les scènes d’amour qui tenaient la route, mais bon, c’est le B A BA  du métier, ça…

                                

             

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